SOUVENIRS DE LA RUE DE BRESSE A SAINT-AMOUR
La Rue de Bresse1 s'étendait autrefois de la Porte de Bresse2 située au niveau des remparts jusqu'à la place du Croissant devant l'église. Puis la route de Saint-Trivier la prolongeait tout droit jusqu'au Moulin Febvre3 , devenu de nos jours la marbrerie.
Descendons cette rue sur le côté droit puis sur le côté gauche:
En descendant, sur le côté droit:
La grand-mère de Suzanne Lehodey, madame Fléchon, avait travaillé jeune employée dans une épicerie située là où se trouvait le magasin grainetier des Fenet, mitoyen avec le grainetier monsieur Forcey, c'est-à-dire entre la caserne des Pompiers et Martine Bouilloux coiffeuse4 . Elle vendait du poivre au poids qu'elle mélangeait avec des plantes. Ce magasin s'appelait Gouly.
Martine Bouilloux a succédé à madame Belfis dont le mari était électricien.
On trouvait ensuite la boucherie Prost puis Bouilloux qui maintenant est un immeuble en location et le salon de coiffure de Marie-France qui fit partie du groupe de Résistants d'Henri Clerc. Décorée à ce titre de la Légion d'honneur.
Au coin de la rue des Terreaux, il y avait le Café des Amis, « chez zette », disait-on en parlant du patron. Tenu par Monsieur Bessonnat. Les voisins y 'tapaient le carton' tard dans la soirée. Au moment des enterrements, beaucoup d'hommes, au lieu d'entrer dans l'église, bifurquaient vers le Café des Amis et suivaient à la sortie le corbillard . . .
La maison de monsieur Riondy était occupée en bas par Mademoiselle Puthet dit Tabourin, une toute petite bonne femme dont l'aspect s'harmonisait parfaitement au fouillis de sa boutique et où on trouvait de tout sauf le comestible. Avant, Aimé Rigodon avait succédé à Josephte Roy.
Magasin de Monsieur et Madame Beynette, parapluies, maroquinerie. Leur fille, mademoiselle Beynette, avait été une institutrice sévère et réputée à Cormoz. Puis, cabinet d'un kinésithérapeute, maintenant vendu.
La rue du Puits, appelée autrefois << rue du puits Barbier >>. Dans cette petite rue, se trouve une maison occupée par Yves Michel5 qui a travaillé durement à la marbrerie Célard. Sa maman était femme de lessive et descendait à « la Plate », le lavoir en bas du champ de foire.
Café Bouvard, tenu ensuite par Mr et Mme Cartant, entre 1958 et 1962,
puis par Aldo et enfin « le
Domino ». Anciennement c'était la maison d'un
armurier6 , Célestin Vulpillat. Restaurée récemment, mais
conservant ses vieilles fenêtres du passé.
Fred et Martine ont pris la suite du vieux café restaurant Beauvivre7 . En 1788, c'était la propriété d'une famille noble, les << de Thoisy >> (ces nobles ont émigré sous la Révolution) puis après d'Emile Pommier. Devenu maintenant le restaurant Suisse Coq d'Or.
A la place du grill de Fred et Martine, se tenait la boucherie Gindre et, auparavant, une boucherie tenue par monsieur Bouvier, de Domsure, frère d'Alfred Bouvier qui tenait l'hôtel de l'Alliance. Après la vente dudit hôtel, Alfred Bouvier se retira au Clos Sainte-Marie pour exploiter ensuite le garage Montcharmont en association avec monsieur Maitrepierre de Lons-le-Saunier et sa fille Armande, puis le café de la Chevalerie pour terminer sa vie dans la maison de monsieur Piquet, capitaine de vaisseau, rue Sainte-Marie. Auparavant, en 1836, Denis Daujat avait vendu cette maison8 à Denis Joseph Morel, cabaretier, et à Josephte Billody sa femme. Elle comprenait une maison avec une petite cour à bise, composée de cave, rez de chaussée, deux étages et grenier, aisances et dépendances, touchant du matin maison et cour à Mayet, de bise remise au même, du soir maison et cour aux veuve et héritiers Miller. En 1831, Denis Daujat avait acquis cette maison des mariés Haut et Chambard9 . En 1876, elle fut vendue à Bérardet Jean Marie, aubergiste à Saint-Amour (puis à Cuisia) qui la revendit en 1882. Que de bouleversements a-t-elle vécu !
A côté, maison de madame Francis Arpinoux10 dont le mari, ancien fonctionnaire de police, fut Maire de Saint-Amour avant la guerre. Madame Arpinoux possédait un coucou faisant la joie des enfants lorsqu'il sonnait l'heure à midi. Ce fut ensuite la maison de monsieur Marcel Faverge de Montagna qui travaillait à la gare. Ses locataires ont tenu une épicerie: d'abord monsieur Brizet et ensuite madame Pacoret qui eut beaucoup de succès car elle ouvrait le dimanche toute la journée et dont le départ fut très regretté. Sa gentillesse légendaire n'a d'égal que son dévouement.
Vieille maison d'angle de madame Georgette Grattard, autrefois maison Prudent11. Avec devant une fontaine qui alimentait le quartier en eau. Cette fontaine a disparu quand on a mis l'eau de ville à Saint-Amour en 1937.
Rue des Granges. Anciennement appelée rue du Dessus des Granges
Plus bas, maison de monsieur Bouilleux12 de l'autre côté de la rue des Granges13 . La mère de monsieur Michel Bouilleux était institutrice aux Annonciades. Elle s'appelait Marie Thévenet. Son père avait un cheval pour livrer du charbon. Avant 1891, appartenait à Adolphe Bouillet, homme de lettres, auteur de nombreux pamphlets14 (pseudonyme: Cacambeau).
Maison de Jane Hatto, artiste lyrique de l'Opéra de Paris, grand-tante de Jean, Claude et Michèle Frère. Anciennement, maison Secrétan. Rachetée par Monsieur Gros.
Boulangerie de monsieur Lucien Renaud qui pétrissait encore son pain à la main ! Il tenait aussi un hôtel restaurant: « l'Hôtel de la Porte de Bresse » (Voir la photo plus bas). Sa belle maison était autrefois celle de monsieur Cancalon, Avocat au Parlement. La famille Cancalon, originaire de Bretagne, s'est illustrée notamment par un tailleur de pierres15 . La pierre de Bretagne, très belle et très dure, a servi à construire les dépendances du Couvent des Grands Augustins.
Ancien débouché de la rue Traversière. Anciennement appelée rue du Milieu des Granges.
Magasin des célèbres demoiselles Gauthier, Louise et
Léonie, où on trouvait beaucoup de choses pendant la
dernière guerre et dont les stocks paraissaient
inépuisables16. Chacune avait sa
spécialité .Ces immeubles ont disparu lors de la
création de la Place Jean Célard. Cette Place va être " remodelée " !
A côté un dentiste, Mr Coquier, et la petite maison avec magasin de tissus de madame Vicario.
Maison d'angle de la rue des Remparts ayant appartenu à Pascal Boisson puis à Pierre Pignon. En face, d'angle, l'échoppe du cordonnier Jules Venet, grand mutilé de la guerre 1914-1918, de même que son voisin, l'aveugle Bramard.
Rue des Remparts, anciennement appelée rue du Bas des Granges.
En descendant, sur le côté gauche:
Magasin de chaussures Passaquet « Le Bon Bouif », devenu propriété d'un facteur d'orgue. A l'intérieur, on peut voir encore les restes d'une tour de Saint-Amour. Cette tour était placée à côté de la première porte de Bresse, au moment des premiers remparts, dont les fossés de ville sont devenus la rue des Terreaux.
Maison Pradier, magasin de tissus prospère. Les Pradier ont gagné une fortune en vendant des vêtements de deuil pendant la Guerre de 1914. Autrefois maison de monsieur le Marquis de Montmorillon. Cette famille noble, installée à Saint-Amour, était originaire du lyonnais17
Maison Gouly, beau surnom de Bresse des Morel devenu nom. Succession d'une agence du Crédit Lyonnais et de Monsieur Célestin Lacroix.
Maison Mouly (Châtillon Mouly Roussel, grands soyeux de Lyon
!), achetée par madame Passaquay. La famille Passaquay est une
des plus anciennes familles de Saint-Amour. Meuniers de père
en fils au Moulin de la Foule depuis 1620. Ils avaient acheté
leur charge directement au Comte de Saint-Amour . En 1775, elle
appartenait à Monsieur Jean Claude Isidore De Guesle,
licencié es lois et juge du Comté de Saint-Amour, mari
de madame Françoise Guillermette Le Vieux de Corcelles,
descendante des propriétaires du château de Mané
à Domsure. Ont donné leur nom à la Rue de
Corcelles. Et en remontant le temps, c'était la maison de
Guillaume Demoncel 38.
Cette maison, magnifiquement
restaurée, possède une tour carrée sur laquelle
est inscrite une date: 1891. Cette tour, bien éclairée, a servi
d'atelier de peinture à Adrien Framinet, un lyonnais retiré des
affaires et dont un des tableaux se trouve dans l'église de Saint-Amour.
Maison de madame Sarron, mère de Madame Ruffier, et de la famille Laurencin au siècle précédent, ayant appartenu en 1788 à monsieur le baron de Thoisy , seigneur de Joudes, auparavant à Dame Magdeleine de Thoisy . Cette ancienne famille, qui tire son nom de la baronnie de Thoisy en Auxois, fut anoblie en 1412. Auparavant, en 1624, c'était la propriété de Guy Colombet, marchand teinturier, né vers 1560. Sa femme, Antoina Mercier, la légua à sa fille Pierrette Colombet épouse de Jean Tribillet le Vieux. A cette époque, il y avait derrière un jardin et les murailles de Saint-Amour, puis les fossés de ville. La maison fut occupée aussi après par madame de Fontgalland, née Mouly, et ses trois enfants.
Au n°13, Louis Mercier20 (1620-1688), prêtre, bachelier en Théologie, Chanoine et familier de l'église Paroissiale et Collégiale de Saint-Amour, est le propriétaire en 1678 et sa famille est mentionnée par un acte des Grands Augustins en 158721 . Louis Mercier était le fils22 de Maître Nicolas Mercier, Notaire Royal qui possédait la maison en 1624. ( Il possédait la maison avec son frère Louis, oncle du Chanoine, comme on le voit avec certitude dans l'acte de Mtre Tribillet le Jeune du 17 Mars 1624. Archives départementales du Jura 4E9602). Le Sieur Jean Coste23 , Avocat au Parlement, Président aux Gabelles24 , Bailly et bourgeois de Saint-Amour, épouse Laurence Mercier, nièce du Chanoine, et cède la maison en héritage à sa fille Jeanne Marie Coste. En 1717, cette maison est notée, sur un plan des Révérends Pères Augustins, maison Coste et Mercier. La fille de Jeanne Marie Coste: Jeanne Marie Antoinette Françoise Gaillard du Villard25 épouse Marie François Jérôme Duraquet de Montjay26 , commissaire alcade de la Noblesse aux Etats de Bourgogne qui en devient propriétaire. Monsieur Benoît Convers, orfèvre, gestionnaire de la famille Duraquet de Montjay, revend la maison en 1836 à Denis Daujat, boulanger. Son fils, Eugène Daujat27 , docteur en médecine, maire de Saint-Amour, en hérite. Puis son petit-fils, Camille Daujat, notaire, conseiller général du Jura. Enfin, Eliane Daujat. Puis Robert Faverge, son fils. Cette maison du seizième siècle possède une frise sous le toit de style Renaissance Espagnole et des fenêtres de façade à fermeture à guillotine.
Puis, à côté, il y avait la charcuterie Faton et, auparavant, une épicerie tenue par la grand-mère de madame Arnaud, madame Pauline Carron, épouse d'Amédée Roussel, laquelle était née en 1851. Puis propriété de la famille Tardif qui hébergea l'étude de Maître Carrel. En 1728, elle appartenait à Joseph Ruffier. En 1540, à Jean Bressand et Clauda Pillet, Guillaume Pillet et Bernardin Dufourg. Vendue à l'association culturelle turque.
Epicerie de madame Bertrand. Tout le monde connaît Toutoune,
son fils. Articles de pêche. Avant, c'était la mercerie,
tabacs, journaux, jouets de madame Bief. Elle avait comme
employée Rachel Darbon. En 1788, cette maison était
occupée par le Sieur Favier, serrurier. Maintenant, c'est Jean-Pierre
Cuerq, brillant accordeur et facteur de pianos, qui l'habite. Il aime son
métier et le possède à la perfection.
En 1717, la maison d'angle, occupée de nos jours par la famille Matthey28 , appartenait à la famille Reydelet, bouchers sur les Halles. Madame Reydelet, très pieuse, faisait dire des messes dans l'église des Révérends Pères Augustins. Son gendre, le Sieur Jean-Claude Faverge29 , originaire de Graveleuse, était marchand tanneur et avait épousé Marie Pierrette Reydelet.
En 1587, la rue du Crocodile s'appelait << la charrière tendante aux granges des Merciers et Vagneaud 30 >> . Après elle est notée << la ruelle 31>> et << ruelle entre deux32 >>. Le Crocodile est en fait une gargouille provenant de l'église des Grands Augustins33 . Les gargouilles avaient une fonction décorative et un pouvoir mystérieux avec les figures qu'elles représentaient. De forme très allongée, elles servaient surtout à évacuer les eaux de pluie le plus loin possible des murs d'une église. La rue du Crocodile ressortait une deuxième fois dans la rue de Bresse par une sortie murée de nos jours par une fenêtre.
Entre les rues du Crocodile et des Augustins était la
propriété de l'abbé Rochet, ancien curé
de Nanc, et de sa sœur, devenue par la suite la quincaillerie
Berthet Carron34 puis la quincaillerie Barse et maintenant
un petit restaurant . . .
Rue des Augustins construite sur l'emplacement même de l'église des Augustins après la vente, au titre des biens nationaux, des propriétés du couvent en 1792.
Maison d'angle, ayant appartenu à monsieur Emile Terral, charpentier, magasin de bois. Puis devenue par la suite le salon de coiffure de madame Guignardat.
Porte d'entrée de style, arcades. Maison de la veuve Bernard puis de la famille Jentet 36. D'abord Emile Jentet puis Marie-Rose Jentet qui fit partie de la Résistance. Restes du couvent des Grand Augustins35 , du cloître et de leur collège36 . Pierres tombales à l'intérieur. Le cimetière des Augustins est dans la cour. On y a transféré notamment le corps de Philiberte Tribillet, femme de Philibert Guyolot, procureur fiscal et notaire royal de Saint-Amour. Le 15 Août, jour de la fête de Saint Roch, les Augustins devaient se rendre en procession au Cimetière des Pestiférés où il fallait chanter un Libera et un Salve ainsi qu'un Obiit au retour.
Maison d'Henri Fléchon et de la famille Lehodey, possédant des voûtes.
Passage conduisant à d'autres maisons. Toutes incluses dans le couvent. On peut observer sur un écusson les armoiries de Philibert de la Baume.
Un petit magasins de fleurs et d'articles funéraires tenu par la famille Bouvard.
Un peu plus bas le café Guichon, actuellement le « Bar Bressan ».
Saint-Amour, Août 2004
Sur le trottoir de droite, on reconnaît Madame Arnaud, petite fille et, en blanc, le charcutier Faton. Au loin , la dame avec corsage blanc, madame Faton. A gauche, le restaurant boulangerie Beauvivre, avec devant Monsieur Joseph Faverge de Balanod. A droite, l'enseigne du notaire, Maître Daujat. |
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On reconnaît madame Renaud à droite. |
On observe l'entrée et la "sortie" de la Rue du Crocodile, de nos jours fermée par la fenêtre de Mtre Carrel. |
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Par sa lumière cette tour permettait au peintre Adrien Framinet d'éclairer ses tableaux |
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Ancienne
canalisation d'eau des Grands Augustins dans la Rue de Bresse |