ETAT DE L'EGLISE DE SAINT JEAN D'ETREUX EN 1613
L’église de Saint-Jean d’Etreux1 est dédiée à Saint-Jean-Baptiste2 . En Septembre 1613, l’Archevêque de Lyon, Monseigneur Denis Simon de Marquemont, en fit une description3 , lors de l’une de ses visites pastorales4 , en ces termes:
<< Après
avoir célébré la ste messe, confirmé et communié le peuple aud.
Colligny, où nous avons disné, sommes allez à St-Jean d’Estruz5 ,
où est curé messire Jacques Guernier, lequel nous est venu au devant
accompagné de messire Pierre Gauthier, son vicayre, avec la croix,
chantant Veni creator , avons
faict noz prières au devant le grand autel ; icelles faictes avons
visité le très St-Sacrement treuvé en un aulmoyre à costé du grand
aultel, mis en un ciboyre de cuivre, rond et en pyramide avec une
vitre, avec une petite boitte aussy de cuivre où sont les communions
pour les malades, au dessoubz d’icelles n’a point de corporal 6. Lad. cure est de la collation de messires de St-Vincent de Mascon7
, le revenu consiste en la quarte partie des dismes du bled et de la
sixiesme du vin de St-Jean et Ceysiaz et en la quarte partie des dismes
du bled et de la sixiesme du vin de St-Jean et Ceysiaz et en la quarte
partie des dismes du bled et vin de Malard, parroisse de Collignac, et
en la contenue de huict ou neuf ouvrées de vigne et en la semaille de
huict ou neuf coppées de terre, en coppes pour trois ou quattre
quartaulx, le tout baillant environ sept ou huict vingts livres
annuellement.
Avons treuvé en lad.8 église un
calice d’argent, un petit ciboire de cuivre en figure de coppe, deux
corporaulx, deux chasubles, une de damas roge avec son estolle et
manipule et une aultre de futayne estampée, des ampoles d’estain bien
tenues. Les parroyssiens fournissent la luminaire, ne s’y entretient
une lampe ardente devant le St-Sacrement sinon les festes tandis qu’on
dit les messes de parroysse. Un petit tappis jaulne fort usé.
En lad. église y a une chappelle de St-Pierre et St-Anthoyne9 , de laquelle sont patrons les Goiards et Aymonards, de lad. parroysse ; le prébendier10
messire Joseph Goiard, pour lequel faict le service le susd. curé, qui
ne sçait quel service y est deub, led. messire Joseph est prébendier
pour ce qui est du patronage desd. Goiards, et pour ce qui est du
patronage desd. Aymonard est prébendier messire Guion Very de St-Amour,
pour lequel faict le service messire Pierre Gauthier, vicayre, qui a
dict avoir charge d’y dire une messe toutes les sepmaines, une messe,
ne sçait toutesfois quel service y est deub ; le revenu
consiste......
En lad. église y a dettx aultres autels au dessoubs
du cheur, l’un soubz le vocab1e Nostre-Dame et l’aultre de St-Renaubert11 , ausquels n’y a point de revenu, ny collateur, ny prébendier, ny service.
Les fonts sont mal tenus, l’eau sale et au font
d’icelle y a plusieurs animaulx ; le cymitière n’est point cloz et est
exposé aux bestes et s’y faict deux ou trois chemins, lesquels on passe
avec chariots. Le sanctuaire se crevasse et entrouvre et seroit
nécessaire de certains engins pour éviter une ruine que les murailles
d’icelluy menacent. La cure se ruine en plusieurs endroicts, dont les
scimdicqs parroyssiens s’en sont plains à nous comme aussy de ce que
led.curé ne dict point de vespres et dict les messes trop
précipitamment, sans laisser aucun interstice entre les deux messes. Il
y a deux vieils missels de Rome, un graduel et responsaire à l’usage de
Lyon. Le curé n’est pas litéré, son vicayre est fort ignorant et vieil.
Ordonnance. Nous avons ordonné qu’à la diligence du
curé et des parroyssiens, dans le terme de Noël prochain, ceux qui
prennent les dismes en lad.parroisse seront contraintz par toutes voyes
deues et raisonnables de faire réparer le sanctuaire de lad. église qui
est entreouvert et crevé en plusieurs endroicts. Est enjoinct aux
scindicqs et parroyssiens, dans le mesme terme de Noël, achepter un
repositaire ou tabernacle de boys peint et vernissé honnestement,
fermant à clefz, qui sera mis au milieu du grand aultel pour reposer le
très St-Sacrement. Achepteront lesd.parroyssiens un missel neufz du
concile et une aulbe, amict et ceinture et deux corporaliers avec deux
chandeliers de cuivre et feront repeindre le crucifix de leur naifz, si
mieux ils n’ayment en achepter un neufz. Led. curé nous fera apparoir
de ses lettres d’ordre et de ses provisions de lad. cure, an lieu de
Lyon, dans denx moys.
(Le 23 octobre 1613 led. curé a exhibé ses
provisions bien expédiées mais non insinuées et ses lettres de
prebstre, non ses autres lettres d’ordre).
Le curé dira et fera dire ses messes, l’esté, l’une
à sept heures et l’aultre à neuf et l’hyver, l’une à huict et l’aultre
à dix; dira aussy led. curé vespres les festes et dimenches et chascun
desd. jours enseignera la doctrine chrestiene aux enfans de lad.
parroysse et fera sonner, par le marguelier, le salut à midy, comme le
soir et le matin et entretiendra en bon estat la cure et y fera toutes
réparations nécessaires, dans troys moys. Est admonesté de tenir un
corporal soubz le très St-Sacrement dans le repositaire et un linge sur
les sts fonts, à ce que l’eau s’y tienne bien nette, et fournira sond.
grand autel de deux corporaulx. 12 >>
Eglise de Saint Jean d'Etreux
Aquarelle de 1914-1918
On remarque le toit du clocher en tuiles rouges
|
NOTES
- Saint-Jean d’Etreux est une commune qui a été rattachée au
département du Jura. Autrefois elle appartenait à la France. La borne
frontière, située à la sortie de Cessia, représentait d’un côté le lion
de Franche-Comté et de l’autre le lys de France. Cette borne a
malheureusement été déplacée entre Coligny et Saint-Jean. De nombreux
litiges frontaliers ont nécessité une enquête en 1611 par les
commissaires du roi et ceux de l’archiduc Albert.
- Beaucoup de chapelles voisines d’une voie romaine et de terres
ayant appartenues aux chevaliers de l’ordre du temple (près de Charmoux
il y a un quartier dit Jérusalem) sont dédiées à Saint-Jean-Baptiste.
- Procès verbal de la visite générale du diocèse de Lyon faite par
Illustrissime et Révérendissime Père en Dieu, Messire Denys Simon de
Marquemont, Archevesque, Comte dudict Lyon, Primat de France,
Conseiller du Roy en ses conseilz d’Estat, commencée le treziesme juing
mil six centz treize.
Accompagné de vénérable messire François du Soleil, docteur en droit,
conseiller du Roy en la séneschaucée et siège présidial de Lyon,
custode de l’esglise Saincte-Croix et nostre official ordinaire et
métropolitain et de vénérable messire Jean Faure, prebstre, chevalier
de nostre église de Lyon et procureur général de nostre archevesché, et
encore accompagné de révérend père Louys Michaelis, prebstre, docteur
en saincte théologie, de la compagnie de Jésus et appelé avec nous pour
nostre greffier et scribe, Gabriel Basset, notaire apostolique.
- Denis-Simon de Marquemont, archevêque de Lyon, 1612-1626. , était
le fils de Denis de Marquemont, conseiller secrétaire du roi, et de
Marie Rouillard. Il fut nommé à l’archevêché de Lyon par Louis XIII le
5 Novembre 1612, et prit possession de ce siège le 9 Mars 1613. Le Pape
Urbain VIII le nomma cardinal prêtre du titre de la Trinité des Monts,
le 19 janvier 1616. A la suite de cette nomination, il se rendit à Rome
et y mourut le 16 novembre de la même année, à l’âge de 54 ans. C’était
un grand ami de Saint-François de Sales et on sait qu’il lui fit
modifier son plan primitif dans l’institution de la Visitation. C’est
par une ordonnance prise à Saint-Amour qu’il créa la paroisse des
Rousses ( cf Histoire de l’Abbaye de Saint-Claude de Don Benoit - 1892
- Tome II - Page 451).
Cette visite pastorale est antérieure au siège de Saint-Amour de 1637 sous Louis XIII par le duc de Longueville.
Le frère du grand Richelieu, Alphonse-Louis du Plessis, cardinal de
Richelieu, primat des Gaules, 1628-1653, fut un de ses successeurs.
- Saint- Jean-d’Estruz dans le texte original. Saint-Jean d’Etreux
s’est appelé aussi Saint-Jean-des-Treuils et Saint-Jean des Pressoirs.
Ses versants étaient couverts de vigne. Beaucoup d’agriculteurs de
Bresse, notamment à Domsure et Beaupont, possédaient des vignes à
Cessia et Saint-Jean.
- Linge que le prêtre bénit et sur lequel il place le calice et l’hostie.
- Le clocher du style de Cluny rappelle celui de St-André de Bâgé.
- lad. pour ladite, led. pour ledit.
- Il y a dans l’église les 4 évangélistes que l’on reconnaît à
leurs symboles: l’ange pour St Matthieu, l’aigle pour St Jean, le lion
pour St Marc, le taureau pour St Luc.
- prébende: titre attaché à un revenu ecclesiastique.
- Les chapiteaux sont ornés de sculptures représentant les quatre évangélistes
- Au
début du siècle, l’église avait un joli clocher en tuiles
rouges. Ce clocher a été recouvert d’une tôle affreuse entre les deux
guerres pour finalement avoir sa forme actuelle à l’occasion d’une
restauration. La pierre tombale de l’abbé Cancalon (1828-1868) a été
déplacée verticalement. La côte était couverte de champs de blé
remplacés de nos jours par des bois.
Accueil